mardi 29 juillet 2014

A831: l'emploi en jachère


Madame Royal, Ministre de l’Ecologie, réaffirme le refus de l’ancienne Présidente de Poitou-Charentes quant à la réalisation de l’A831.

Cela en déçoit plus d’un. D’autant que, Frédéric Cuvillier, actuel Secrétaire d’Etat aux transports avait annoncé au mois de décembre 2013, alors qu’il exerçait des fonctions ministérielles de plein exercice,  la poursuite des opérations de mise en concession de ce projet. 


Unilatérale, la décision de Madame Royal est donc en évidente contradiction avec la politique précédemment menée. Les promesses de Noël n’auront pas résisté aux chaleurs de l’été.

Cependant, nul ne peut exclure que l’A831 soit la victime expiatoire des libertés prises par l’ancienne présidente de la Région, vis-à-vis de ses soutiens écologistes.

En effet, les déceptions de ces derniers ont été abondamment soulignées: mise en oeuvre difficile de l’écotaxe, refus de réintroduire l’ours, privilégier le pastoralisme, notamment.

Si Madame Royal souhaite conserver le soutien national et local d’EELV, elle semble acculée à concilier la chèvre et le chou pour donner des gages à cette composante de la majorité.

Et ce, alors que le président du Parc National du Marais Poitevin lui-même,  a mentionné qu’il ne s’opposerait pas à cette réalisation, à la condition toutefois, que le cahier des charges respecte un certain nombre de contreparties visant à préserver l’environnement.

Dans ce contexte, il va sans dire que la priorité accordée à l’emploi semble fondre comme neige au soleil. Autant dans sa réalisation que dans son fonctionnement, une infrastructure autoroutière génère de l’activité.

Il est donc désormais officiel que la Ministre de l’Ecologie préfère la mécanique politique à la mécanique de l’emploi. Son annonce ne contient en effet aucune contrepartie en ces termes.

Or, pour être acceptée, prospérer dans les esprits et dans les comportements, la logique environnementale doit être mise en oeuvre à emplois - création ou engagements - constants.

La décision de ne pas engager l’Etat dans un projet,  où, pourtant, l’ensemble des parties prenantes ont grandement avancé, ne conduira malheureusement qu’à discréditer durablement l’argument environnemental, pourtant pris en compte dans la préfiguration de l’A831.

Concilions l’emploi et l’environnement, le développement et le durable ! Mais, s’il vous plaît, Madame Royal, ne méprisez jamais ceux qui n’ont plus d’espoir, ni ceux qui osent encore espérer !

                                        Nicolas Belot et Bruno Drapron
                                 Conseillers régionaux de Poitou-Charentes

mercredi 2 juillet 2014

Poitou-Charentes et régions limitrophes: l'indicateur "mieux vivre" de l'OCDE

jeudi 22 mai 2014

Ségolène Royal, priez pour nous pauvres pécheurs

Le gouvernement actuel, et avant lui l’ancienne majorité de droite et du centre ont souhaité s’emparer de ces épineux sujets : simplifier le « mille-feuille» administratif, diminuer le coût des collectivités, accroître leur efficacité et leur compétitivité, localement, nationalement, et internationalement.

Pour ce faire, redéfinir leurs compétences et redessiner leurs périmètres est nécessaire.  Autrement dit, deux questions à résoudre pour le législateur : qui fait quoi ? Et dans quelles limites géographiques?

Tout d’abord, force est de constater l’absence de clarté sur le « qui fait quoi » : les compétences, ou « responsabilités » de chaque catégorie de collectivité n’apparaissent pas suffisamment en l’état des débats. Cela est améliorable, mais constitue une faiblesse.

Ensuite, se pose la question du périmètre, de la taille des territoires, de leurs redécoupages. Et là, c’est le drame ! En quelques mots :

Lors d’une réunion de travail à la Région vendredi dernier, le 16 mai, l’hypothèse d’un rapprochement avec la région Centre avait été évoquée par l’actuelle majorité du Conseil Régional de Poitou-Charentes. De droite ou de gauche, charentais-maritimes et charentais nous avons exprimé notre refus de cette proposition absurde tout en exprimant notre volonté de rejoindre l’Aquitaine.

Coup de théâtre mardi soir, Madame Royal, désormais Ministre de l‘Ecologie, fait connaître l’intention de deux régions,  Poitou-Charentes et, désormais, Pays-de-La-Loire, de discuter d’un rapprochement. 

Cela me choque.  N’étant plus présidente de la région, elle outrepasse très largement ses prérogatives. Si dans le théâtre politique, Madame Royal a pu jouer le rôle de protectrice des opprimés,  elle finit par se conformer à cette formule de Pascal : « qui fait l’ange fait la bête ». Et ce comportement  consiste ici à vouloir voler la conduite de leurs destins aux habitants de Poitou-Charentes, a fortiori ceux de la Charente-Maritime, de la Charente, et de la Saintonge. L’Université pour la Haute-Saintonge, c’est Bordeaux, ou La Rochelle. Certainement pas Orléans ou Nantes.

Certains analyseront ce comportement de Madame Royal comme une « peur de l’insignifiance » ou comme un acte de démesure. Peu importe. 

Si sa promesse d'une démocratie participative est aux oubliettes, ce qui compte aujourd’hui, c’est d'exercer notre « droit à décider  de nous-même ». La préservation de la région Poitou-Charentes peut être un objectif légitime. Mais il est bien moins prioritaire que de permettre à chacun de défendre ce qui est juste. Faire de la France un pays de collectivités « hors-sol », abstraites, c’est la déconnecter d'elle-même. Cela n’est pas souhaitable. Décidons ensemble de notre avenir. 

Madame Royal, pardonnez nos offenses comme nous pardonnerons à ceux qui nous ont offensé.

samedi 1 mars 2014

Peillon-nous une éducation à la solidarité - Pour une République relationnelle

L’éducation civique est enseignée à l’école. La morale laïque prendra bientôt place dans les salles de cours. Il peut s’agir d’ un outil intéressant à la condition de ne pas en faire un instrument d’uniformisation morale ou intellectuelle.

Faire émerger un individu affranchi des dogmes imposés, des déterminismes, telle est l’ambition du Ministre de l’Education Nationale. Néanmoins,  enseigner une morale n’est pas en soi un vecteur de « changement sociétal ». Ce à quoi il sera répondu que chacun demeurera libre de faire ce qu’il souhaitera du bagage qui lui aura été transmis par l'école. 

Soit ! Tout d’abord, peut-on attendre de l’école qu’elle dise ce qu’est une « vie bonne », ou « juste » ? Si une réponse positive serait en elle-même discutable, elle trouverait une limite pratique considérable:  la reconfiguration et l’affaiblissement du lien social.

Nous avons tous en mémoire les drames liés à la canicule de 2003. Les solitudes sont bien réelles. L’intérêt pour elle, lui, là, là-bas,  le respect accordé à une personne,  a fortiori en situation de handicap, de dépendance, d’isolement, devraient  précéder, tout du moins compléter, la parole de Marianne.

La République doit devenir relationnelle. L’apprentissage, par nature imparfait, de cette pratique renforcerait  le socle désormais fragile de notre société. Ne pas se refuser de faire émerger une pédagogie de la rencontre: c’est en satisfaisant cette condition que l’Education Nationale instillera à nouveau du sens. Bien sûr, il y a le service civique … Optionnel et rémunéré. Certains établissements, parfois privés, parfois publics, se sont engagés dans des démarches « humanitaires », « sociales »…  Recenser et mûrir leurs actions,  ambitionner de les élargir, pourrait être un objectif raisonnable, mais surtout souhaitable.

La prise en compte de « l’autre », dans  sa plus simple expression, du plus fort ou du plus faible, est une source d’échanges, de création, d’une relation parfois improbable, tout autant que de connaissance mutuelle.  

C’est à cette formule de Pascal que devrait en appeler Vincent Peillon: « La vraie morale se moque de la morale. ». Vouloir raboter la diversité spirituelle, intellectuelle et morale de notre pays sans permettre l’épanouissement d’un «  être relationnel », c’est condamner la République à rester lettre morte.  Il n’y a pas à choisir entre l’écriture et la vie. Elles se meuvent ensemble. Ou disparaissent. 

mercredi 29 janvier 2014

Bientôt: des "bibliotrains" !



Lors de la dernière Commission Permanente qui s'est tenue au Conseil Régional de Poitou-Charentes, vendredi 24 janvier dernier, Ségolène Royal présentait des mesures de mise en oeuvre des orientations budgétaires pour 2014. 

Parmi celles-ci, il était réaffirmé le souhait de lutter contre l'illettrisme, et de faire de la lecture la grande cause régionale de l'année. 


Quoique définir l'emploi comme priorité d'action, conformément à ce qui avait été proposé par son opposition, aurait pu être considéré comme un choix tout aussi judicieux de la part de l'exécutif régional, ce dernier a présenté une délibération suggérant, entre autres, le développement de "résidences d'écrivains" et un événement dont, pour parodier le langage du web, "nous sommes désolés, mais le contenu est en construction".

Avant de formaliser une proposition sur ce point, il m'a semblé nécessaire, au préalable, de faire valoir notamment les arguments suivants:

- le projet en question est une délibération de lecteurs, pour des lecteurs: les actions présentées ne sont pas de nature à permettre un recul de l'illettrisme ni une augmentation substantielle de la lecture
-dès lors, il ne serait pas conforme aux objectifs délibérés lors des précédents débats d'adopter de telles mesures
-ni les lecteurs, ni les non-lecteurs, ni les familles ne sont mentionnés dans la "chaîne du livre"
-ces dispositions rentrent dans le viseur d'une critique considérée - à tort- comme étant de gauche, à savoir qu'elles ne feront que renforcer l'idée selon laquelle les institutions peuvent être des facteurs de reproduction des inégalités relatives au capital culturel. 

Faire émerger l'alternance signifie donner une vision. On pourrait aller plus loin en considérant que la critique du pouvoir en place doit se faire en premier chef au regard d'un projet alternatif et non l'inverse. Se poser en s'opposant, c'est prendre le risque de ne pas affirmer suffisamment sa propre capacité de changement. C'est aussi rendre hommage à un adversaire, qui n'est pas un ennemi, ne serait-ce que parce qu'il a été choisi démocratiquement. 

Aussi,  afin de se rapprocher de la réalisation des objectifs précédemment évoqués - lutte contre l'illettrisme et accès à la lecture - j'ai proposé avec l'accord de mes collègues, la mise en place de "bibliotrains". Dans le cadre d'un partenariat avec la SNCF, des ouvrages, une petite bibliothèque mobile, pourraient être mis à disposition des usagers des transports ferroviaires, régionaux notamment. 

Sans rentrer plus avant dans les détails opérationnels, il ne s'agit pas d'une solution miracle, mais d'un dispositif basé sur un constat et deux idées simples:
- constat : la Région dispose de la compétence transports en matière ferroviaire
- deux idées simples : 

  • Les transports sont des espaces de passage et des lieux de vie susceptibles de voir émerger des services nouveaux. Ces services peuvent consister notamment - mais pas exclusivement - à adapter à la situation de mobilité, des pratiques habituellement sédentaires.
  • Ce service doit être simple, lisible, accessible et offrir une plus-value, matérielle ou immatérielle, conforme à leurs objectifs, à l'ensemble des parties-prenantes concernées. Ils peuvent utilement s'inspirer de pratiques initiées par d'autres collectivités et ayant fait leurs preuves. En l'espèce, le dispositif des "bibliobus" a été un point de départ de cette réflexion. 
Cette proposition de "bibliotrains", a fait l'unanimité. 

Si mes collègues et moi-même ne pouvons que nous en réjouir, il nous faudra maintenir notre vigilance dans la mise en  oeuvre ultérieure de ce dispositif, et rester attentifs à ce que la majorité ne se contente pas de reprendre les propositions de son opposition pour dire qu'elle fait reculer l'illettrisme, et, plus généralement, qu'elle "agit". 

Il relève de notre responsabilité d'élus de faire différemment et mieux que la majorité en place, au service de tous et de la Région. 


jeudi 19 décembre 2013

L'Europe: Identité et Progrès


Il n’est pas inutile de rappeler qu’identité et progrès doivent demeurer au cœur de l’ambition européenne. Les valoriser et les renforcer est essentiel dans l’élaboration d’un projet de réconciliation entre l’Europe et ses citoyens. 

Tout d’abord, l’Europe garantit des droits aux citoyens en leur qualité de ressortissants des Etats-membres, mais également en tant qu’européens. Le droit de vote des ressortissants communautaires aux élections locales est l’un des plus emblématiques. Or, élargir ce droit à tous, comme certains l’envisagent, sans distinction d’appartenance ou non à l’UE, ce serait affaiblir une citoyenneté européenne en construction. 


Alors même qu’il  nous faut concilier et notre identité locale ou nationale, et notre appartenance à l’Union.

Nos territoires bénéficient par ailleurs d’un soutien, financier notamment, de la part de l’Europe ; soutien que les représentants des collectivités devraient revendiquer, défendre, et déployer avec courage.

Renforcer notre identité, concilier croissance et proximité, sont deux opportunités pour renouer avec le progrès.  Les prochaines échéances européennes en sont l’occasion.

Renforcer notre identité


Il existe aujourd’hui un « privilège » légitime pour les citoyens européens : voter aux élections locales. Ce droit repose implicitement sur un socle culturel, éducatif, historique commun.

Pourtant, la majorité  présidentielle ambitionne ouvertement de l’élargir à l’ensemble des ressortissants non communautaires. Cela doit être refusé. Les élections européennes de mai prochain sont l’occasion de rappeler que l’on ne fait pas l’Europe en supprimant la spécificité des droits des européens, en diluant leurs droits civiques.

Il ne s’agit en aucun cas d’un rejet de « l’autre », mais de répondre  à une nécessité : ne pas affaiblir la citoyenneté européenne, aujourd’hui en construction.

L’identité française, ce sont aussi ses territoires. Ils font la France. La France construit l’Europe. L’Europe soutient la France et aide nos territoires.

Défendre le projet européen, c’est défendre et renforcer notre identité et notre  place dans un monde qui change. Une Europe plus  démocratique et plus juste est souhaitable, tout autant qu’une France forte et confiante est nécessaire.

Nous n’avons pas à rougir d’être nous-même. Mais il faut laisser du temps au temps, dans l’émergence de notre « puissance européenne ». Malgré les insuffisances démocratiques, économiques, ou sociales de l’Union, il ne faut pas y renoncer si nous voulons réconcilier identité et progrès, croissance et proximité.

Concilier croissance et proximité

 

Réduire l’Europe au cliché d’une Bruxelles technocratique au climat grisonnant,  c’est mentir.

L’Union dispose d’une farouche volonté de concilier proximité et croissance. Depuis plus de trente ans, avec une efficacité réelle, les instances européennes participent activement  au développement des territoires qui font la France. Les fonds européens, FEDER, FSE, etc. … sont autant d’outils à la disposition des régions et des acteurs des territoires : entreprises, associations, collectivités.

Les régions doivent revendiquer ostensiblement leur engagement européenOr, elles ne le font pasL’Europe des proximités n’est ni valorisée, ni assumée par les majorités en place au sein des Conseils Régionaux. Ce silence est coupable.

En Poitou-Charentes moins encore que dans les régions limitrophes. La faiblesse de la communication régionale sur le partenariat européen est éloquente. Notamment, la création d’une Commission « Europe » est une exigence  récurrente des élus de l’Alternance régionale –l’opposition. Seul un « groupe de travail » a été créé, en réponse  à notre demande. Nous avons également demandé que la communication sur l’apport financier européen dans les décisions d’aides régionales comprenant des crédits de l’Union, soit ostensiblement renforcée. La majorité nous a répondu que cela pourrait être le cas au début de l’année 2014, soit 1O ans après son arrivée au pouvoir et cinq mois avant les élections de mai prochain, auxquelles la vice-présidente de l’exécutif régional sera par ailleurs candidate.

Pourtant, tous les gouvernants, nationaux et locaux, devraient accepter d’entendre la mention « doit mieux faire » ressentie par la majorité de nos concitoyens. Il nous faut faire mieux,  d’une ferme volonté,  et en toute transparence. Le scrutin de mai prochain doit,  d’abord, être celui du progrès possible, et non celui du seul mécontentement. Cette élection doit être celle d’une « nouvelle donne », et non l’expression  d’un rejet.

Le courage, c’est de s’engager pour  cette Europe : une Europe de l’identité, des proximités, et du progrès ! La méfiance vis-à-vis d’une Europe méconnue et distante, pour laquelle des institutions et des partis donnent le sentiment de vouloir « recaser » des élus - au lieu de missionner ceux qui sont engagés, convaincus, et compétents - est pleinement compréhensible. Des candidatures par défaut donneront toujours lieu à une Europe du moindre mal, autant que du moindre bien. Alors même que nous avons besoin d’une Europe forte mais consentieefficace mais démocratique.